La clé des champs ne sert pas à ouvrir sa gueule – Partie 2

A l’arrière du camion, Cosi et le Sorcier écoutent leur nouveau compagnon. Jacques-Quelque-chose est pasteur pour l’église réformée de la picole intégrale et tente de leur expliquer que l’alcool rapproche du divin. Au milieu des caisses confiées par les marchands qui les précèdent sur la route, Augustin reste septique.

Soudain la pluie se met à tomber. Assis sur le capot, Plein Gaz hurle sa stupeur. Il ne se souvient pas avoir déjà vu pareil phénomène. Il vrai qu’il ne se rappelle jamais la semaine qui précède mais toute de même…

Rapidement c’est le Déluge. La terre asséchée depuis des années refuse la moindre goutte d’eau et la route devient un torrent. En quelques instants, le camion est emporté et ne doit son salut qu’au talent de pilote de Paul le fermier.

Non loin de là, une bande de punks a établi son repère dans des ruines. Elle y distille de la gnôle et gagne sa vie en lançant des grappins sur les voitures et motos de passage. Une fois l’accident provoqué, ses membres peuvent tranquillement achever les blesser et se servir grassement. Alors là, la pluie les a pris de cours. Mais ça s’adapte un punk. Du coup quand passe un camion à la dérive, ils jettent les grappins, et passent à l’abordage. Cambouis les charge en sautant de toit en toit. Augustin coupe les cordes et les câbles qui les retiennent tandis que Cosi, le sosi de Claude François, et le Sorcier se débattent au milieu des caisses renversées.

De leur côté, Plein-Gaz et Jacques-Quelque-chose jouent de malchance et sont emportés par les flots. Ils sont de plus poursuivis par deux punks dans une baignoire qui descendent le rapide en même temps qu’eux. Se lançant à l’abordage, Jacques et Monsieur Gaz attaque la baignoire qui flotte.

Les punks sont mis en déroute mais voulant en faire plus qu’il ne peut, le gros Cambouis est à son tour emporté.

Alors que la tempête se calme, Cambouis, Jacques-quelque-chose et les deux punks de la baignoire se réveillent nus, pendus par les pieds à quelques six mètres du sol. Ils ont été repêchés par Le vieux Gilles et Romance, son gorille apprivoisé. Ils parlent de les manger ou de les vendre. Mais rapidement, l’instinct de Romance le pousse à grimper en haut des ruines de l’observatoire en ruine qu’ils occupent pour regarder au loin: un camion de marchandises gît sur le flanc. Ni une ni deux, ils laissent là leurs
prisonniers et filent achever les blessés.

Profitant de leur solitude, nos amis suspendus se balancent jusqu’à faire céder un côté de la tige métallique à laquelle ils sont retenu. Glissant le long de cette dernière, ils atteignent le sol, amortissant leur chute grâce au punk situé en début de ligne.

Une fois libres, ils récupèrent leur matériel, un AK47 et deux chargeurs dans la cachette secrète du vieux Gilles.

De leur côté, Paul, Augustin, PLein-Gaz, le Sorcier et Cosi ont pris de l’altitude et observent l’horizon. Au nord ils voient les punks fuir avec des alambics et une fortune en alcool. La cible est tentante. A l’ouest, ils voient
un camion de marchandises qui a répandu ses entrailles au sol et qui gît sur le flanc. La cible est tentante.

Mais déjà une voiture s’en rapproche à vive allure. Au sud, un coup de feu attire leur attention. C’est Jacques-quelque-chose qui vient de tirer en l’air pour signaler sa position.

Près du camion, Gilles et Romance ont déjà chargé la marchandise et abattu les survivants quand le coup de feu retentit. Ils font donc demi tour et regagnent en urgence leur repère. Là, ils trouvent leurs prisonniers libres et armés. Ne voulant pas perdre leur gain fraîchement gagné et la vie, ils décident de faire demi tour et de s’éloigner.

Quand Paul arrête son camion près de l’observatoire, tout le monde est prêt à embarquer, sauf les deux punks de la baignoire qui redoutent un élan de rancune et décident de filer à l’anglaise.

Quelques heures plus tard, ils sont à Carbone plage. La ville est un grand souk qui se remet tranquillement de la tempête. Le maire est Edouard, mais c’est un homme de paille. Le vrai chef est Le Grêleux qui possède les deux éoliennes et l’ensemble des boîtes à froid qu’il garde précieusement sous clé
et dont les producteurs locaux ont tant besoin.

Jacques-quelque-chose repère dans le souk deux ados avec un cochon. Se sentant épiés, les deux jeunes gens choisissent de se perdre dans les ruines alentours. Mais Jacques-quelque-chose n’a pas l’intention de laisser filer ce cochon et se lance à leur poursuite.

Le Grêleux est ravi de voir qu’une partie de sa marchandise a été sauvée et demande à rencontrer Augustin. Le trafiquant lui explique que le pont Promo 25 est gardé par des yankees qui en bloquent le passage au nom de la lutte des classes et que cela est mauvais pour les affaires. Comprenant qu’il s’agit là de la prochaine destination d’Augustin, il lui propose un marché: Une bonbonne de gaz de combat retrouvée sur un terrain militaire est justement disponible. Pourquoi ne pas enfumer tous ces emmerdeurs ? Augustin et sa bande pourraient passer tranquillement et le Grêleux serait debarrassé. Et puisqu’on y est, il faudrait faire passer Adrien, un grand noir avec un chapeau de paille genre esclave évadé. Parfait pour Augustin qui s’en va avec le gaz et le grand noir.

Cambouis répare le camion et son armure dans un coin, Paul cherche à faire des affaires et le Sorcier récolte des produits à tester sur Plein gaz.

Personne ne voit s’affoler une table de skinheads qui viennent de retrouver un esclave noir en fuite, là, au beau milieu de la place. La fusillade s’engage directement.

Malheureusement pour les skins, ils sont cerné sans le savoir. Alors que Plein gaz et Cambouis les chargent, Augustin les arrose sur un côté et Paul arrive par derrière. Le combat est de courte durée: le Grêleux ne supporte pas le désordre dans sa ville. Il tire au lance grenade dans le tas, éliminant les derniers skinhead et blessant les autres belligérants.

De son côté, Jacques-quelque-chose s’est perdu. Il tombe alors sur les bannis et les exclus de Carbone-plage qui vivent dans les décombres des faubourgs.

Jacques-quelque-chose décide de venir en aide aux nécessiteux et distribue des soins contre trois babioles. Cette population du dénuement en fait son nouveau sauveur et commence à fonder le culte de Quelque-chose.

Avant de partir pour Carbone plage, Augustin veut quand même tester le gaz histoire d’éviter les surprises. Il capture un rat avec Paul dans une grange qu’ils placent ensemble dans un sachet et Augustin met son masque à gaz. Il est temps d’ouvrir la bonbonne. Tout commence pour le mieux mais en un éclair, c’est la panique: la valve vient d’exploser emportant avec elle le robinet, le sac et le rat sont projetés dans les airs tandis que la bonbonne se vide en tourbillonnant. La minute d’après les occupants de la grange sont morts et le nuage toxique s’échappe dans la ville.

Voyant Paul fuir à toutes jambes, les autres comprennent ce qui vient de se passer et quittent les lieux rapidement suivis par une grande partie de la population de Carbone plage. Dehors, le culte de Quelque- chose bat son plein et s’enorgueillit de cette vengeance divine. Jacques-quelque-chose, du haut de sa montagne d’offrandes, salue ses anciens camarades de la main. Il ne partira pas avec eux, son peuple a besoin de vénérer quelqu’un, ou Quelque-chose.

Seul dans son masque à gaz. Au milieu d’une ville déserte envahie d’un vaste nuage vert, Augustin prend à son tour la direction du pont Promo 25.