Episode 2

“Sur la route d’Al Rakel”

Mon nom est Shaar. Sambre et moi avons trouvé les autres alors que je fuyais ma famille de loyaux (et crétins) sujets Dérigions, et que je m’étais mise en tête de trouver une tribu Sekeker afin d’être adoptée.

De mon ancien nom, ou de ma vie avant cela je ne vous dirai quoi que ce soit. J’ai vécu intensément, et ne crains pas la mort, pas plus aujourd’hui qu’au moment où cette pleureuse de Masse-dieu retrouva son cher Messager et toute la clique qui gravitait autour.

Les retrouvailles se firent sur un charnier, un amoncellement de cadavres dont la plupart étaient des bâtards de Vorozions, devant une cabane explosée et un pauvre gars pleurant sur sa petite vie tranquille disparue. Okpala avait perdu sa Porteuse gadhare, et fort heureusement pour lui, un duo improbable venait d’arriver sur la scène du massacre : un piorad oeil-de-Braise et son esclave hysnaton de trois mètres de haut. Un amour de béhémoth. Ce fut mon meilleur jouet (avec Sambre bien sûr), et il dura plus longtemps que toutes les poupées que j’avais laissées derrière moi.

Je dis fort heureusement pour Okpala car il trouva un Porteur, mais malheureusement pour lui, il ne termina pas dans la main qu’il désirait. Encore un tour pendable de Constance (putain, mais comment voulez-vous prendre au sérieux une déesse avec un nom pareil !) qui convainquit son propre Porteur de balancer le cimeterre en or dans la main du monstre, qu’on finit par appeler « Chose », « Machin », ou « Hé, toi ! », plutôt que dans celle du Piorad, guère plus intelligent, mais moins voyant.

Le Piorad tenait Chose en laisse, mais pour autant que je puis en juger, ça aurait pu être l’inverse, ça n’aurait pas choqué.

Bref, après ce pur moment orgasmique de nos amis les Dieux concernant leurs retrouvailles, elles nous expliquèrent pourquoi nous étions là…

Cette bande de faux durs « rêveurs » voulaient construire une route, rien moins que ça, nous rendre riches, blabla, bref. Elles utilisaient la même technique pour nous convaincre de les emporter, que Sambre avec moi et cette histoire de Sekekers : le mensonge.

L’un dans l’autre, j’avais envie de voir du pays, j’avais traîné seule trop longtemps et la baston me manquait, donc…

Je n’étais déjà plus tout-à-fait une jeune fille de bonne famille dérigionne, ayant erré dans les bois quelques mois avant de trouver Sambre (ou était-ce avant que Sambre ne me trouve?).

Mais je ne fis peur à personne en arrivant. Une gamine de neuf ans et demi, allons bon ! Même armée de Sambre, aussi grande que moi. Face à Urgul, un Piorad balafré, terreur du grand nord ! Chose, le géant (un peu débile, certes, mais gentil tout plein quand on finissait par le connaître) dont les mains étaient une menace plus grande qu’une grosse hache, Miäyu, amazone Thunk qui jouait autant de ses nichons que de sa dague pour suriner ceux qui se mettaient en travers de son chemin – elle ne m’aima pas au premier coup d’oeil. Pensez-vous, elle voyait en moi une rivale plus jeune – et Kisonyr, un Dérigion dont la première vision que j’eus fut la raie du cul blanche et bien poilue pendant qu’il dépouillait à quatre pattes les cadavres Vorozions.

Personne ne me prit au sérieux, y compris cette putain de Masse-dieu qui ne voyait en moi qu’une bête de somme. Ça allait changer lorsque nous rencontrerions enfin Pomelius.

Pomelius, justement, que je pris d’abord pour un Dérigion, semblait l’ennemi commun de cette bande d’Armes à deux sous. Il voulait les empêcher de construire cette fameuse route. Etant ferveur défenseur de l’Empire au contraire des autres, il les avait trahies et emprisonnées dans un coffre quelques temps avant que les spécimens ici présents ne les trouvent.

Les armes palabrèrent. Je restais sur le cul de voir des Dieux aussi pipelettes. Finalement, il fut décidé de se rendre à Tehen où nous allions tenter de retrouver l’architecte de la route, Wahid Radjali.

Tarik, le local de l’étape, nous conduisit, n’ayant rien de mieux à faire sur le moment, et n’ayant pas envie de jouer au mikado avec les copeaux de bois de sa cabane explosée.

Chose me porta sur une de ses épaules, comme cela deviendrait l’habitude, et les autres grimpèrent sur deux-trois canassons qui avaient survécu on ne sait comment.

Je passerai sur le voyage. Pas la moindre attaque de brigands, pas la plus petite meute de loups à se mettre sous la dent (en même temps, des loups dans le désert, bon…).

Tehen ! Au bord de la mer Austrane. Nos dieux étaient légèrement crispés, allez savoir pourquoi ! Ses palais aux coupoles d’or, ses murailles blanchies à la chaux, ses souks bruyants et odorants à souhait. Dès l’entrée en ville, Urgul eut vingt propositions pour se faire racheter son esclave démesuré. Mais il ne l’aurait pas lâché pour dix chameaux, faut croire qu’il s’était attaché (ha ha!). Le Piorad était encore circonspect. Il ne s’était joint à nous que dans le but de retrouver une créature à neuf bras (ce dont l’avait convaincu Okpala, encore un maître dans l’art d’embobiner. Les Armes-dieux n’ont donc rien de mieux à foutre que de promettre monts et merveilles à leurs Porteurs pour ne pas être balancées à la mer ou dans un puits?).

Pendant que Miäyu et Kisonyr allaient se faire du bien dans un bouge de luxe – le combat contre les quinze Vorozions avait laissé des traces – les autres allèrent rôder dans le souk où on leur conseilla d’aller voir Rahal qui saurait éventuellement les renseigner sur l’Architecte.

Urgul joua l’investigateur lourdaud, parce que ça m’amusait de voir Chose bouffer des babouches et parce que Chose… bouffait des babouches. Et puis le pauvre ne pouvait même pas rentrer dans les boutiques sans rester à quatre pattes (la taille n’est pas toujours un avantage, les femelles Gadhares ayant subi un effondrement anal vous le diront). Du coup, pour le divertir, je lui lançais des cailloux qu’il s’enfilait sans moufter.

Rahal nous renseigna, et même plutôt deux fois qu’une. Oui, Wahid était ici. Le palais, là-bas, vous voyez ? Il allait même se marier. Quand ça ? Mais aujourd’hui même, bien sûr ! Vous imaginez ? Cent ans et il trouvait encore le moyen de se dégoter une vierge !

Et c’est là que ça partit en sucette. Okpala, comprenant qu’il était resté dans le coffre cinquante très loooongues années, hurla dans la tête de son porteur et Chose se déplia malgré lui et malgré la résistance de son maître, défonçant le toit de la boutique et hurlant à son tour.

Oups. Bien contente d’avoir une Arme qui avait pu s’échapper, moi.

Pendant qu’Urgul tentait d’arrondir les angles avec Rahal, nous nous rendîmes compte que nos amies les Armes étaient aussi recherchées par un certain Salamek, qui avait engagé un Gadhar aveugle pour les retrouver et les soustraire à Pomelius depuis un bail. Un aveugle ! Pour retrouver des Armes-dieux ! N’importe quoi ! Putain, on n’est pas aidés !

Après avoir donc surpris cette conversation entre l’aveugle et deux gars visiblement pas du coin (un peu trop pâles de peau, si vous voyez ce que je veux dire), je retrouvai Chose en train de saccager un combat de scorpions : il venait de consacrer la victoire de scorpion n°1, en bouffant scorpion n°2 pour combler l’absence de cailloux et d’une gamine à proximité pour les lui balancer.

Sur ces entrefaites, Miäyu et Kisonyr, ayant fini de se soigner en bonne compagnie (repos mon cul, ouais!), nous rejoignirent en vue de préparer notre arrivée au mariage.

Bon, nous avions donc trouvé le cadeau (Chose). Restait l’accoutrement. Sans un sou en poche, nous achetâmes des costumes folkloriques chez le célèbre marchand Khourvite pendant qu’un début d’incendie (bien aidé par Constance) paniquait les vendeurs du coin.

***

Le palais de Wahid est un putain de palais en fait. Des pierres précieuses montrent leurs facettes multicolores partout dans la végétation, des bols d’épices sont à disposition des invités un peu partout, des spectacles de tortures raffinées et d’exécutions stylées (aaah, l’épandage de viscères et de boyaux !) ravissent le gratin de la ville. Des eunuques à la pelle accèdent à tous les caprices d’une voix délicieusement féminisante. Chacun vaque à ses occupations plus ou moins vicieuses, et avec plus ou moins de réussite.

Urgul et moi amenons notre « cadeau » dans la salle des présents où il est attaché à un énorme pilier soutenant le toit, en compagnie de gladiateurs, de tigres à dents de sabre, d’un éléphant, d’un panda et d’autres préciosités moins vivantes.

Kisonyr, le Dérigion, commence à faire les poches. Mauvaise idée. Il se fait prendre la main dans le sac en tentant de subtiliser une ceinture bardée de joyaux et d’or. La sanction est immédiate : la main va vraiment finir dans un sac, désolidarisée du reste du corps. Mais au moment de l’exécution, le bourreau se vautre lamentablement (on soupçonne Miäyu d’avoir mis son grain de sel), ce qui n’a pour conséquence que de l’envoyer au cachot. Constance est emmenée on ne sait-où et je m’en tape. Pas Miäyu qui tente de le récupérer mais fait chou blanc.

De mon côté, je m’éclate avec les épices. J’expérimente, je mélange. Dans ma tenue enturbannée, je fais de l’oeil à un garçon d’honneur et nous finissons dans un buisson à nous tripoter jusqu’à l’arrivée du marié pour la cérémonie.

Wahid le beau gosse centenaire nous gratifie d’un joli discours (surtout quand on est shooté à l’épice) et d’un beau combat : Chose à mains nues et l’impudent voleur Kisonyr armé d’une pauvre lance, reliés par une chaîne qui passe dans un anneau central fixé au sol. La foule hurle, prend les paris, exulte devant la générosité du vieillard.

Trois secondes après, le combat est fini. Le Dérigion se trouve cuisiné façon saucisse, le crâne emboîté dans l’anneau central.

Je rigole et j’applaudis. Les autres font la gueule.

Pendant ce temps, la Thunk et le Piorad demandent à voir Wahid sur son estrade. Sur un geste du marié, les deux Porteurs sont emmenés à l’intérieur du palais.

Mais en fait, c’est une embuscade ! Ils sont enfermés dans une pièce avec les deux tigres à dents de sabre ! Le combat traîne un peu, mais ils finissent par s’en sortir.

Chose n’est pas mieux loti. Après sa victoire, on le ramène dans la salle des cadeaux où il se fait fouetter comme de bien entendu pour avoir osé réclamer son cimeterre, à présent porté par un eunuque à la voix de crécelle.

Chose n’est pas content. Et quand Chose pas être content, lui défoncer maison ! Tirant de toute ses forces sur la chaîne qui le lie au pilier central (vous vous souvenez, celui qui soutient le toit…), il parvient à défoncer le pilier de pierre et… c’est l’hécatombe.

Je ne me rends pas tout de suite compte que ça n’est pas un délire dû à l’épice. Les mariés ne sont plus là, les invités sont comme fous, je vois un épicier Batranoban passer devant moi, Constance en main, et Sambre me hurle dans la tête de le suivre. Je refuse. Rien à foutre de Constance. Mais Sambre s’en fout de ce que je pense. Alors il me viole. Et j’aime pas ça. Il prend le contrôle de mon corps et me refoule au fond de ma tête.

Je me réveille à dos de chameau dans le désert, et je force Sambre à s’excuser. Bien sûr, il résiste, c’est un Dieu après tout. Mais moi je suis Shaar, pas un putain de con de chameau qui va où on lui dit sans la ramener. Sambre s’en rend compte. Il est pas con comme un chameau lui non plus. Il voit son objectif s’éloigner à dos de chameau. Et son objectif, c’est Wahid.

L’épicier Batranoban est juste devant moi. Nous rattrapons l’éléphant. Je suis surexcitée. Sambre ne me prend pas au sérieux ? Je vais lui montrer qu’il a trouvé la bonne personne.

Sans une once de réflexion, je saute sur la trompe de l’éléphant avec style pendant que l’épicier somme le mahout (le cornac si vous préférez) de s’arrêter. Plus stupide qu’un chameau, ça s’appelle un éléphant. Celui-ci, prenant peur, se vautre le cul par-dessus la tête, envoyant valdinguer mariés et mahout, howdah et tout l’attirail.

Je suis chaude comme la braise. En mode carnage. Sambre le sent. Il me pousse à exécuter le mahout. Je n’ai aucune raison de lui résister cette fois-ci.

Lorsque j’en ai fini, la scène qui s’offre à moi est des plus glauques. L’épicier est devenu fou. Brandissant Constance, il est vautré sur son ancien maître centenaire, Wahid le bienheureux, L’Architecte, et le viole sauvagement, bestialement.. La mariée hurle de terreur au milieu des affaires répandues sur le sable. L’éléphant barrit, nous suppliant presque de l’achever, lui épargnant ce chaos.

La frénésie en moi retombe. L’épicier jubile. Le soleil me brûle la peau.

Les autres arrivent enfin. Ils se sont servis dans les coffres du maître. Ils ne sont pas les seuls, je suppose. Au final pour pas grand-chose. Un caillou énorme mais sans trop de valeur, et un coffre plein de frusques pour enfants. Chouette, Urgul a pensé à moi, quel amour sous sa carapace de lourdaud défiguré !

La carte est là. Miäyu s’en empare pour le compte de Messager. Et voilà nos Armes reparties dans des discussions sans fin sur le chemin à suivre à présent.

La mariée aurait pu faire une belle monnaie d’échange, ou un divertissement pour quelques temps, mais Urgul n’a pas eu sa dose de sang, et il la coupe en deux proprement, nous épargnant une ration d’eau pour les jours à venir.

Parce que nous sommes dans le désert. Eh oui. Et là où nous devons nous rendre (et que les Armes ne veulent pas nous révéler), c’est encore plus paumé dans le désert. Pas une route, pas un point d’eau, pas un putain de chameau n’irait s’y perdre.

Nous trouvons une oasis où nous prenons enfin un peu de repos. Des Alwegs tout de bleu vêtus, aux yeux bleus comme le ciel du désert, veulent bien nous conduire dans ce trou du cul du désert de Haas, après d’âpres négociations menées par Miäyu. Ils se nomment eux-mêmes le peuple Tarek. La Thunk n’a pas totalement confiance en eux, mais nous n’avons pas d’autre choix. Durant la soirée, l’épicier, notre nouveau compagnon par la force des choses, use de sa sagesse et de son talent pour fabriquer une gomme qui permet de résister à la fatigue du désert. Je m’endors sur le ventre de Chose.

***

Mon chameau creva au bout de quelques jours à peine dans le désert. Chose me porta à partir de ce moment. Les autres n’avaient pas l’air en meilleur état. Les Alwegs ne parlaient pas. Et nous non plus, à force de fatigue. Au bout d’une semaine de merde, il faut bien le dire, les choses empirèrent. Une volée de flèches éparpilla nos guides et nos montures, renversant notre charrette et tout son contenu. Des flèches, oui, pas des putains de carreaux d’arbalète. Et empoisonnées en plus ! Les Tareks étaient au courant, je l’aurais juré, à la manière dont ils se dispersèrent à toute vitesse. Une putain d’embuscade. Nous essuyâmes les tirs comme nous pûmes. Des Dérigions sans doute. Tactique de guérilla. Lorsque le feu tombé du ciel cessa, nous ne pûmes que constater les dégâts : les trois-quarts de nos vivres et de notre réserve d’eau étaient foutus. Urgul et l’épicier avaient été touchés. Et le pire, Miäyu était devenue à son tour Oeil-de-braise, une flèche dans l’orbite en plus. Elle était sur le point de crever, toute Porteuse qu’elle était. Et dire qu’elle n’arrêtait pas de se foutre de ma gueule.

Mais elle portait Messager. Et Sambre n’arrêtait pas de me tanner pour protéger Messager. Je suppose que c’est pour ça que j’ai fait ce que je pouvais pour lui éviter de crever là comme une pouilleuse. Peut-être qu’elle me prendrait au sérieux maintenant si elle s’en tirait.

Cela dit, ça n’était pas gagné. Et pour nous autres non plus. Le poison se frayait un chemin dans les veines, et le désert menaçait de nous engloutir sans espoir qu’on retrouve nos os avant une éternité. L’épicier dont nous ne connaissions toujours pas le nom sortit alors un contrepoison de son turban, et cela nous permit de tenir un jour de plus à avancer vers notre but de plus en plus aléatoire.

Et puis le jour suivant, enfin la délivrance ! Les Armes n’avaient pas menti. Une ruine se tenait là dans une cuvette cerclée de dunes immenses, quelques murs percés de portes sur un sol rocailleux et supportant un toit de pierre. Un puits se tenait en son centre, comblé de sable.

Les Armes ne se sentaient plus. Al-Rakel ! disaient-elles. Enfin ! Si elles avaient pu jouir, je crois qu’on aurait tous été couverts de foutre de la tête aux pieds à ce moment. Et ça n’aurait pas déplu à certains.

Pensez-vous que les ennuis s’arrêtèrent là ? Que nenni ! Nos poursuivants nous avaient encerclés et nous tenaient en respect, l’arc bandé. Quatre d’entre eux descendirent pour parler… ou autre chose. S’il fallait crever dans ce trou paumé, autant que ce soit en crachant à la gueule de ces salauds de Dérigions.

Le chef portait une lance, et nos Armes nous glissèrent à l’oreille qu’il s’agissait là de Pomelius, leur ennemi juré, venu négocier leur reddition. Pomelius discuta un moment avec Messager, qui parlait à présent par la bouche d’une Miäyu moribonde. Les deux anciens compagnons joutèrent oralement, et Messager parut avoir le dessus en expliquant que Pomelius s’était fourvoyé en pensant que son ancien porteur, un certain Fazul, avait étudé les techniques militaires de l’armée dérigionne pour améliorer ses connaissances militaires alors qu’en fait, il les avait vendues aux Batranobans, leur permettant de gagner peu à peu leur liberté. C’est sûr que lorsqu’on défend l’Empire et qu’on se fait trahir par son propre Porteur batranoban, on doit l’avoir bien mauvaise.

Pomelius serra les dents de son Porteur, Simon Beril, et se contenta de nous permettre dans sa grande magnanimité de réfléchir, à nous les Porteurs, si nous voulions la vie sauve. Vous voyez le genre ? Il veut les Armes, blabla, nous laissera la vie sauve, blabla, on est pris au piège, blabla… mon cul, ouais ! Je le défie, ce gros con de Porteur avec sa lance ridicule. Il a peur d’une gamine de neuf ans et demi qui pèse 30 kilos ?

Je n’irais certainement pas me rendre à mon ancien peuple. Ils seraient capables de me rendre à ma famille, et alors adieu les Sekekers, la vie aventureuse, le sang et la sueur.

Sambre à mon côté, je défiai Simon Beril en l’abreuvant d’insultes qui touchaient sa mère, sa sœur, sa femme – s’il aimait seulement les femmes.

Deux minutes après, Simon Beril avait la tête explosée et voilà que Shaar faisait le show sur son cadavre encore fumant, narguant et toisant les quinze crétins d’archers qui n’osaient même plus bander leurs arcs, ni bander tout court. L’épicier Batranoban, chaud comme la braise et craignant de perdre cette nouvelle puissance qu’il n’avait pas encore pu utiliser, en fit trop, il voulut aller choper les archers, mais à la première volée de flèches rebroussa sagement chemin.

Pomelius resta planté là, dans le sable, essuyant les railleries de notre groupe, jusqu’à ce qu’Urgul le Piorad ramasse ses burnes et s’en aille le cueillir pour lui-même.