Episode 1

“Introduction”

« Ah quelle belle queue ! ». C’est vrai que Moussa pouvait rivaliser en intelligence avec le plus con des polacs, il n’en était pas moins doté d’un sacré engin. Et quand on est cantonné dans un camp de mercenaires depuis deux mois avec pour seule occupation que de contempler les fermiers dérigions cultiver leurs champs de betteraves, ca compte d’avoir un compagnon avec une grosse queue. Croyez-moi, je sais de quoi je parle. J’ai passé la moitié de ma vie dans les bordels les plus crasseux de Tanaephis. Des terres gelées Thunk, je n’ai plus qu’un souvenir partiel de parties de chasse et de câlins partagés sous les fourrures avec les visiteurs qui venaient acheter quelques peaux qu’ils comptaient revendre à Pole.

Puis, je fus capturée par une bande de mercenaires Alwegs et revendue à un maquereau des environs de la capitale dérigionne. C’est là que j’appris le métier. Il semble que les Thunks soient naturellement doués pour ce genre de trucs. C’est ce que me disaient la plupart de mes clients.

Un jour, des Vorozions prirent le village. Après avoir crucifié le patron, éviscéré les gardes et violées les putes (ou l’inverse), ils nous relâchèrent. Je tentais ma chance au sein de la compagnie de mercenaires pouilleux qui les accompagnaient. En espérant rejoindre leur BMC (Bordel Mobile de Campagne). Après un casting éprouvant mené par leur chef Hysnaton (passons sur ses détails anatomiques curieux et dérangeants), je fus engagée.

Quelques mois passèrent et de champs de bataille en champs de bataille, je fus échangée contre quelques tonneaux de Sifan et je rejoins une nouvelle compagnie : la Lance de Fer.

Sous les ordres de Gunthar, leur leader, je pus participer à quelques batailles et escarmouches contre les Vorozions ou pillards Alwegs et Sekekers. J’appris ainsi le maniement des armes et surtout, comment reconnaître rapidement une baston qui tourne mal, autrement dit, l’art de la fuite au bon moment.

Envoyés à Pole !

Bref, revenons à nos champs de betteraves et à ces cons de fermiers dérigions. Je fus tirée de ma torpeur par la douce voix gutturale de Gunthar qui nous beuglait de ramener nos culs de fiotes dans sa tente. Le mien, celui de ce bon Svargan, un piorad efféminé qui passe son temps à se parfumer et à peigner sa barbe. Si si, je pense qu’il a dû être bercé trop près d’un Chagar quand il était bambin. LE dernier cul de fiote convoqué fut et celui de Silimor, un thunk maigrichon.

Gunthar nous demanda de partir à la tête d’une troupe afin d’aller chercher une trentaine d’esclaves qui devaient nous être livrés mais qui avaient du retard. Il nous fallait partir pour Pole le plus rapidement possible afin de rencontrer Pomelius le Sage. Mais avant cela, on devait rallier un camp Dérigion où les soldats nous confieraient une escorte pour traverser les terres à l’ouest de Pole, souvent ravagées par de nombreux pillards. Une fois là-bas, je dus donner de ma personne pour convaincre le chef Dérigion, qui semblait avoir totalement oublié notre affaire. Bon, ce ne fut pas la baise du siècle mais cela suffit à lui rafraichir la mémoire et à honorer ses engagements.

Dans la soirée, quelques soldats cherchèrent à faire les malins et à piquer dans nos stocks pendant que le chef de nos mercenaires était retenu à la taverne du camp. Il fallut une intervention aussi brève que sanguinolente de Svargan et Silimor pour rétablir le calme.

Les jours suivants, rien à signaler sur la route si ce n’est un besoin de saboter notre chariot afin de nous accorder un jour de repos supplémentaire dans la bonne ville de Vern. Le forgeron fut accusé du forfait, sur mes conseils, puis pendu. J’en profitais pour récupérer l’argent que je lui avais donné la veille pour équilibrer mon poignard. Ne jamais perdre de vue son propre profit.

Pole, ses jardins, ses gladiateurs, ses touzes…

Quelques jours plus tard, nous arrivions à Pole. Ce fut un choc culturel, fini les pecnauds et leurs betteraves, bienvenus dans la civilisation, avec tout ce qu’elle va pouvoir te mettre dans la gueule. Ca s’engueule pour une priorité, ca piétine les clodos, ca s’éventre pour une injure et les Polars sont des gars retors, toujours prêts à arnaquer les touristes. C’est ca la civilisation sur Tanaephis.

Ca n’allait pas être facile de trouver notre Pomelius dans cette ville de quatre millions et demi d’habitants. Nous avons laissé notre escorte à l’entrée de la ville et commencé à arpenter le dédale de ruelles crasseuses du 71e quartier, lieu de résidence de Pomelius. On finit par localiser, le bouge qu’il tenait, « Le Trou », au fond d’une allée sordide. Il s’avéra que Pomelius était une arme-Dieu, une lance parcourue de nervures violettes qui me rappelèrent brièvement ce bon Moussa. Pomelius était un organisateur de combats de gladiateurs de seconde zone. Les esclaves étaient bien là, enfermés au sous sol à coté des gladiateurs.

L’ennui, c’est qu’ils étaient tous malades, le teint verdâtre. Pas sur qu’ils survivent à un voyage de plusieurs jours. Devant nos protestations, Pomelius consentit à nous faire un prix à condition de trouver l’enfoiré qui avait empoisonné ses gladiateurs. Marché conclu !

Première piste, une soirée à laquelle participaient les deux principaux concurrents de Pomelius : Loran Sibil et Yvon Deplane. Direction les quartiers des jardins, les belles demeures en pierre elfique et les palais de marbre blanc. Je me fis passer pour une danseuse attendue par le maître des lieux, Svargan pour mon garde du corps et Silimor pour un artiste. La soirée était fidèle à ce que l’on m’avait dit sur les fêtes dérigionnes : totalement dépravée. Nous avons pu approcher les deux dignitaires polars qui se dirent innocents à cette histoire d’empoisonnement. Bref, aucune info au sortir de la soirée.

Sur le chemin du retour, quatre larrons envoyés par Loran Sibil avaient pour consigne de nous faire passer le goût de poser des questions à leur maître. Mal leur en prit, car la rixe tourna au carnage. Svargan en coupa un en deux d’un seul coup de hache. Pour ma part j’en surinais un autre avec mon poignard.

Silimor retourna au près de la caravane restée au porte de la ville pour faire un rapport sur la situation. Il y fut décidé d’envoyer en renfort à Svargan et Miäyu un dérigion nommé Kizonyr et une gadhare répondant au nom de Kehya.

Kizonyr fut le premier à nous retrouver et nous décidâmes, après une intense réflexion de Svargan, de nous intéresser au fournisseur de Pomelius : le vieux Sam qui livre la nourriture de ses gladiateurs. Sur place, un des petits fils du commerçant se trahit et avoue que Joncquer, le sous fifre de Pomelius, est surement impliqué dans l’affaire. Il travaille en ce moment pour « l’Aveugle », un Gadhar, membre de la pègre locale, qui bosse lui-même pour Salamek.

De fil en aiguille, on localise la « Cour au Roi », la taverne tenue par l’Aveugle. Là difficile d’approcher le proprio. Svargan décide alors de se faire engager afin d’approcher le maître des lieux. Les mœurs Piorads étant ce qu’elles sont, il pense pouvoir briguer la place d’un des gardes. Pour cela, il lui colle un violent coup de tronche espérant naïvement être engagé aussitôt après. Svargan se fit rosser par les gardes. Pour ma part, je pus escalader les murs et atteindre la terrasse. De là, je pus voir Joncquer se faire torturer par l’Aveugle et ses sbires. J’apprends que Salamek s’intéresse aux affaires de Pomelius et qu’il espère racheter le Trou. Son ambition est de pouvoir fouiller librement les lieux afin de mettre la main sur un mystérieux trésor.

Le trésor de Pomelius

Intrigués, nous rentrons faire notre rapport à Pomelius. Visiblement énervée la Lance nous renvoie à la Cour au Roi afin de porter un message à l’Aveugle. Pomelius en a marre et donne rendez-vous à Salamek afin de régler leur embrouille sur la place des cygnes.

Nous revoilà aux abords de la taverne. Avant de passer la porte, Svargan essuie les sarcasmes des deux cons postés à l’entrée. Alors réaction normale pleine de testostérones, sursaut d’orgueil ou simple élément de culture Piorad, les deux cons se retrouvent coupés en deux par un coup de hache dévastateur. Evidemment les cinq collègues interviennent et c’est une boucherie. Svargan se bat à un contre cinq, embroche, pourfend, découpe. Malheureusement le dernier sbire parvient à plonger sa lame dans la panse du Piorad et le voila qu’il agonise bêtement sur les marches d’une taverne crasseuse de Pole. Triste fin.

Le message est néanmoins donné, L’aveugle accepte le rendez-vous.

Le lendemain midi, Pomelius s’en va en guerre avec l’ensemble de ses hommes. Il nous confie la garde de l’établissement. La mercenaire Gadhar des Lances de Fer, Keyah, nous a finalement rejoints. Nous décidons alors de fouiller les lieux dans l’espoir de mettre la main sur le trésor pendant que les deux bandes s’écharpent. Le soldat Dérigion dont j’ai oublié le nom curieux (il s’agit de Kizonir!), parvient à crocheter les serrures du sous-sol.

Dans les entrailles du bouge, sont encore stationnés plusieurs gardes, les gladiateurs et nos esclaves. On parvient à faire croire aux gardes qu’il faut fuir sans tarder car les hommes de Salamek sont en route pour massacrer tout le monde. Ces cons gobent mes bobards et fuient à toutes jambes. Dans la pénombre des souterrains, notre compagnon dérigion parvient à déverrouiller une porte. Une échelle s’enfonce dans les profondeurs. Alors que nous hésitons à descendre, des voix nous interpellent et nous abreuvent d’insultes et d’injonctions. Elles semblent néanmoins perspicaces puisqu’elles ont tôt fait de cerner les capacités intellectuelles du dérigion!

Au fond du puits, reposent Trois armes dieux, prisonnière depuis plusieurs années de Pomelius. Une épée longue, un cimeterre à deux mains, et une dague dont je me saisis prestement. Après de brèves présentations, on décide de fuir rapidement. Au dehors, une vue plongeante sur la place des cygnes nous laisse entrevoir le massacre qui s’y déroule. Les hommes de main des deux factions s’écharpent joyeusement pendant que les chefs invectivent leurs troupes. Un dernier regard à Pomelius et nous quittons Pole en achetant des chevaux à prix d’or. Ces commerçants Polars savent reconnaître les clients pressés.

Retrouver Tarik

Messager, c’est le nom de ma dague, me demande de retrouver un certain Tarik, et il semble s’inquièter également du sort d’une autre arme dieu qu’il appelle Sambre. Ca tombe bien de toute façon, on ne savait pas où aller. Impossible de quitter la ville vers l’ouest puisque nous avons volé le coffre d’or servant à acheter les esclaves. Et difficile de rester à Pole après avoir dérobé le trésor d’une arme dieu… ou plutôt libéré ses prisonniers.

Filer vers l’Est en direction de Polomé, dernier village où fut aperçu Tarik. Plusieurs centaines de kilomètres plus tard, nous voila dans l’allée centrale du village à l’ambiance lourde et pesante. En effet, le bled est sous le joug des Vorozions, maitre des lieux depuis peu. Des dizaines de soldats nous regardent avec défiance. Plusieurs villageois crucifiés ornent les façades des maisons. On apprend rapidement, en buvant un verre avec deux officiers que nous ne sommes pas les seuls à rechercher Tarik. L’armée Vorozionne souhaite ardemment le capturer après le meurtre de deux officiers. C’est pour ça qu’ils crucifient un villageois par jour. L’aubergiste nous apprend que Tarik avait une maitresse en ville, Alicia, qui bosse au bordel. Celle-ci nous révèle que Tarik vit caché dans une cabane en bordure du sentier de l’oie. Nous voilà parti à sa recherche.

Alors que nous approchons de la cabane, Tarik manque de m’empaler avec une flèche tirée de l’intérieur de la bicoque. Le batranoban nous laisse finalement approcher après lui avoir dit que nous sommes les porteurs d’armes-dieux qui souhaitaient le retrouver. Une fois à l’intérieur, on a à peine le temps de discuter qu’un carreau d’arbalète embroche le batranoban. On se jette à terre, la gadhar se jette sur l’omelette délaissée par Tarik.

Dehors une quinzaine de Vorozions avancent en formation serrée en direction de la cabane. Le combat s’engage, la cabane menace de s’effondrer sous les assauts des soldats. Les assauts de la Gadhar n’ont rien à envier à ceux de Svargan. Plusieurs soldats peuvent en témoigner. Le dérigion se bat comme un lion également. Pour ma part, je préfère compter sur ma capacité à reconnaître une baston qui tourne mal (vous vous souvenez ?).

Je déclenche le pouvoir de bondir pour échapper aux Vorozions avec Tarik en fuyant à l’extérieur.

Quand fuit le dernier vorozion, Kyzonir est couvert de blessures et Keyah gît à terre dans une mare de sang