8 portions … – Episode 1

GK, Ralph et Pomme sont trois petites frappes qui ont grandies et vécu dans l’anarzone de Hong Kong. Sans existence officielle ou légale, leurs seuls plans de carrière furent le crime ou la mort. Mieux avisés que d’autres, ils choisirent le crime.

Ainsi ils ont pu, au fil des années, se sortir du ghetto et de la misère grâce à de petits boulots qui les ont conduits à travailler aujourd’hui pour Sahel. Ce noir colossal, probablement issu des premiers essais génétechs sur embryons ou des circuits sportifs parallèles, les emploie régulièrement afin de gérer les différents aspects de la gestion de son entrepôt produisant de la béthaphétamine. Ils ne savent pas pour qui travaille Sahel et s’en fichent royalement. Il est réglo et a besoin de main d’œuvre. Bref, la vie est belle pour nos trois truands qui partagent ce matin un kebab au mouton de synthèse sur le comptoir à ciel ouvert de l’établissement de « Tonton ».

Et justement, Sahel arrive au volent de sa vieille carcasse malodorant.

« Ah justement je cherchais quelqu’un les gars, ça vous dit de vous faire un peu de fric ? »

Aussitôt, ils jettent la fin de leur sandwich dans la rue et montent dans la voiture alors que des gosses sont déjà en train de se battre pour les restes qui jonchent le sol.

Dans la conurb où ils évoluent désormais, il n’y a que deux saisons : « brûlante » et « tempête ». En ce moment c’est « brûlante ». Ils aimeraient quitter ce coin mais il parait que le climat est exactement pareil partout sur Terre entre le cercle arctique et le cercle antarctique… En attendant de voir un morceau de ciel sous l’épais nuage de pollution, ils décident donc d’accepter ce nouveau travail.

Dans le véhicule, Sahel leur explique que grâce à de nouvelles molécules et de nouveaux composants chimiques, leur produit se vend incroyablement bien. La nouvelle est excellente. Une entreprise qui progresse est une entreprise qui recrute n’est-ce pas ?…

Sahel à besoin de leur aide pour faire le tour des centres de stockage et de distribution de son petit commerce et la balade commence par la laverie de Roger. Ce vieux blanc grassouillet tient une laverie pleine de fumée et de vapeur qui sert de point de vente pour les produits de Sahel. Et c’est l’heure du paiement. Roger s’exécute sans problème et, poussant sans ménagement un drone qui trimbale un panier de linge, sort une caissette plein de yens de sous une machine.

Sahel est satisfait et conduit GK, Ralph et Pomme chez madame Charles qui tient un bordel de poupées de chair un peu plus loin. Passant au milieu des prostituées à qui l’on a « offert » le physique de star, ils s’en vont vérifier les stocks de produits entreposés dans le grenier de l‘établissement et aident même une bande de gros bras à décharger. Conformément aux ordres de Sahel, ils vérifient la marchandise mais ne trouvent rien de suspect. Une fois encore, on leur vante les mérites du nouveau produit de Sahel et ils repartent pour leur troisième visite de la matinée.

Il s’agit de rencontrer un certain Buck-buck qui doit pas mal d’argent à Sahel depuis un bon moment. L’immeuble fait un nombre d’étages incalculable et la plupart des résidents atteignent les étages supérieurs grâce à des véhicules de transport en commun aériens. Pour Sahel et son escorte, se seront les escaliers peuplés de loques humaines et de rats ainsi que des sections d’ascenseur entretenues par les habitants eux-même. Véritables quartiers dans les bâtiments, les résidents, démunis de tout, se sont organisés en tribus pour entretenir leur locaux, produire leur énergie, filtrer leur eau…

Buck-buck ne semble pas décidé à ouvrir la porte. Pendant que Ralph dégaine les outils de sa main cybernétique pour une ouverture en douceur, on entend derrière la porte les sons d’un jeu vidéo. Lassé d’attendre, Sahel explose la porte et son encadrement. Pomme et GK découvrent alors deux jeunes asiatiques assis sur un matelas surélevé par des palettes en plastique, devant un jeu vidéo dont les images de réalité augmentée sont manipulées par des manettes bricolées.

Buck-buck n’en demande pas d’avantage, il lâche son jeu et se précipite sur ce qu’il reste de l’escalier de service pour sauver sa peau. Ralph active son arme cyber-implantée et lui traverse la cuise d’une balle bien placée. Pourtant le jeune chinois continue en boitant sa fuite désespérée. Pendant que Pomme et Sahel tiennent le deuxième gamin en joue, GK profite de l’avantage offert par sa morphologie améliorée pour sauter dans le vide et, se rattrapant à un garde-fou, tomber sur le blessé qui finit sa course dans un râle de douleur.

Buck-Buck lui propose alors une coquette somme d’argent mais GK préfère maintenir sa réputation de gros bras aux yeux de Sahel. Il ramène donc l’argent et le gamin à son patron qui, devant l’absence d’une somme descente, demande à Pomme de bien vouloir balancer Buck-buck par la fenêtre. Malgré son physique de premier de la classe, le hacker envoie un direct au foie du gamin et le défenestre avant de le regarder effectuer une chute de plus de cent mètres.

Le groupe prend ensuite le chemin de l’entrepôt. C’est là que tourne 24h/24h l’usine gérée par Sahel. Il fournit des masques à gaz à ses compagnons et entre avec eux dans un espace occupé par une vingtaine d’hommes et de femmes totalement nus et dont le visage est couvert d’un masque à gaz identique aux leurs. Ils effectuent chacun une manœuvre chimique dans un travail à la chaine rythmé par une radio miteuse.

Dans un bureau vitré au fond du vaste espace, une femme au regard noir observe la scène. Elle garde les vêtements des travailleurs afin de limiter les possibilités de vol et s’occupe de la gestion des stocks.

Sahel demande au cinq gangers occupés à commenter la musique de reprendre leur ronde et envoie GK, Pomme et Ralph cherché des nouilles pour tout le monde.

Ils partent donc chez le vieux Hong pour commander neuf portions de nouilles au poulet. Alors que le bonhomme s’affaire derrière sa cuisine crasseuse, ils observent les autres clients : travailleurs déprimés, détective épuisé filant surement le dernier adultère en date, prostituées, truands… elles plaisent à tout le monde les nouilles de Hong !

De retour à l’entrepôt, le choc est brutal. Alors qu’ils se sont absentés moins de dix minutes, ils découvrent tous les travailleurs massacrés. Sahel a été criblé de balles dans un coin avec la secrétaire au regard noir. Autour de la bâtisse, les sentinelles ont subi le même sort.

Dans quelques secondes, les milices du coin et autres gangs seront sur place afin de savoir qui massacre d’honnêtes travailleurs dans leur quartier.

Pomme découvre la caméra détruite mais sait que les données sont intactes. Aussi pirate-t-il rapidement le système afin d’avoir des images de la scène. Il y voit six hommes en combinaison tactique, visiblement équipés de logiciel tecnet et utilisant des armes de pointes, massacrer tout le monde dans une chorégraphie glaciale.

GK observe la scène est découvre qu’il n’y a aucune balle dans les murs. Tous les tirs ont fait mouche ! Il voit aussi que certaines choses sont manquantes dans le matériel et que le reste brule dans un coin.

Ralph, lui, comprend que la voiture se Sahel n’a plus de propriétaire et commence à la charger pour fuir avec.

Pomme tente sa chance et scanne les environs. Dans ce quartier délabré, les chances sont infimes de voir les traces d’un passage matriciel du commando mais qui ne tente rien… Bingo ! (Mirsan peut faire vomir n’importe quel mj !) En partant des serveurs de l’entrepôt, le hacker retrouve leur trace à la laverie de Roger. L’un des tueurs a dû commettre l’erreur d’acheter quelque chose sur place ou de vérifier ses messages là-bas.

Avec une certaine fierté, Pomme guide ses camarades en direction de la laverie. Il y trouve une foule de badauds tenus à l’écart de la laverie par une bande de gangers que GK, Pomme et Ralph connaissent pour avoir trainé avec eux par le passé. Roger et ses employés ont été abattus aussi proprement que les travailleurs de l’entrepôt. En piratant une nouvelle fois les systèmes, Pomme découvre que le commando a des projets pour le bordel de Madame Charles.

Ralph, resté dehors pour exhiber le nouveau fusil à pompe que Sahel lui a « légué », discute avec les gangers. Voyant qu’il tient un sac contenant des nouilles au poulet, deux d’entre eux lui demandent s’il veut bien partager son repas. Il accepte et, quand Pomme sort en hurlant de nouveaux ordres, ils partent avec le groupe pour prévenir les occupants du bordel.

Chez madame Charles, tout va pourtant pour le mieux. Néanmoins, elle prend l’avertissement de Pomme très au sérieux mais refuse de partir. Elle va dans l’arrière-boutique et ouvre un placard en plastotek. A l’intérieur, un homme dort debout. Son bars droit est une mitraillette de gros calibre et des composants électroniques dépassent de sa peau en de multiples endroits.

Alors qu’elle manipule en aveugle des valves situées à l’arrière de sa tête, Madame Charles provoque le réveille de la chose dont les yeux uniformément blancs s’ouvrent lentement.

« Tu vois GK ce qu’il va finir par t’arriver si tu continues à abuser des augmentations bon marché ? »

L’avertissement de la vieille fait sourire le sabreur. Elle manipule une télécommande d’un autre âge d’où s’échappent des écrans RA. Alors qu’elle joue avec les formes colorées, la créature s’agite frénétiquement, grognant et bavant comme un chien en colère.

GK fait le joli cœur avec le sosie de Maryline pendant que le cyberpsycho monte la garde. Mais brusquement, dans un énorme bruit de soufflerie, un overcraft descend verticalement au milieu de la rue. Immédiatement, deux groupes de trois hommes en combinaisons tactiques en sortent pour cerner l’établissement, ils fracassent les fenêtres et jettent des fumigènes à l’intérieur.

Le véhicule reste en suspens au milieu de la rue et une porte latérale s’ouvre face au bordel. Un septième homme, solidement harnaché à un canon monté en tourelle ouvre le feu sur les malheureux qui occupent l’entrée. Le cyberpsycho reçoit un terrible projectile qui creuse un trou gros comme un ballon de football dans sa poitrine. GK est ensuite éclaboussé par le sang de Maryline qui est à son tour coupé en deux par un tir.

Pomme utilise ses programmes pour se donner l’aspect d’un cadavre dans RA. Il tente ensuite de prendre le contrôle de l’appareil mais, s’il parvient à en trouver l’accès, se trouve bien démunie face aux commandes de l’engin ! Il déclenche lave-vitre, essuie-glace et autre klaxon fantaisistes mais ne parvient pas à fracasser la machine contre le sol !

Ralph, à l’intérieur de l’établissement, tire sur un des hommes qui tentait de rentrer par une fenêtre du rez-de-chaussée et le blesse à l’épaule. Madame Charles finit le travail d’un méchant coup de fusil. L’un des gangers, qui a suivi le groupe pour une portion de nouilles, reçoit malheureusement une balle dans le visage et finit son parcours professionnel dans une grotesque éclaboussure de sang.

Le commando commence alors à éliminer systématiquement toute les personnes vivantes se trouvant dans le bordel et crible de balles le comptoir occupé par Ralph, madame Charles et le dernier ganger.

Pomme parvient à faire bouger le véhicule aidé en cela par le cadavre du cyberpsycho qui vide le chargeur de son arme cyber-implantée sur la machine. L’overcraft s’incline sur le côté soufflant toute la puissance de ses réacteurs sur la façade du bordel. Toutes les personnes présentes sont soufflées par la puissance des moteurs mais GK voit là une opportunité. Il court vers l’appareil et saute sur le tireur harnaché qui lutte contre la gravité. Il lui administre alors un redoutable coup de tête avant de le transpercer de son sabre et de couper l’entrave qui l’empêchait d’aller s’écraser dans la rue. Il entre ensuite dans le cockpit est égorge le pilote. Aussitôt, son nexus lui propose de prendre les commandes l’appareil… Désormais libre, la machine prend un peu d’altitude et racle sur plusieurs dizaines de mètres les façades des bâtiments.

Pomme et GK renoncent à toute forme de prise de contrôle et l’un se déconnecte tandis que l’autre saute de l’engin avant que celui-ci ne s’écrase au milieu de la chaussée déjà à l’état de ruine.

Derrière son comptoir, Madame Charles suggère vivement la fuite. Leurs chances de survie sont nulles face à ses hommes surentrainés et équipés…